La raison d’une nouvelle mise en avant de cet édito tient au fait qu’il ai été un déclencheur. Les retours positifs qui ont suivi sa parution sur le JDQ, qui n’était plus alors qu’un forum parsemé d’un peu de news, ont confortés les administrateurs dans leur désir de donner une dimension plus aboutie à la partie rédactionnelle. Il est donc à la base de notre dernière mutation, celle qui redonne ses lettres de noblesses aux sept lettres qui composent le premier mot de notre nom. Le « Journal », puisque c’est ainsi que nous appellerons cette partie du site où vous nous lisez actuellement, est l’héritier de ce que fût « Le Journal Du Quad » à sa création: un portail ouvrant sur un forum de passionnés et sur une partie journalistique. C’est ainsi que l’avait imaginé son créateur, Hervé GAILLARD. Mais il n’est pas seulement le descendant de cette époque, il est aussi le fruit du travail actuel d’une équipe de passionnés qui œuvre en toute discrétion pour lui assurer un bel avenir, merci à eux.
Tranches de Quad
Je recherchais il y a quelque temps, un message que j’avais posté à l’époque où un 500 cm3 était le haut de gamme des constructeurs, où des fous inconscients qui avaient rêvé durant des années devant les images du Dakar (celui qui se terminait sur la plage de Dakar, pas très loin du lac rose) traversaient la Méditerranée avec leur monture et prenaient tous les risques pour aller poser leurs crampons dans les dunes en autonomie totale. Puis je suis remonté progressivement jusqu’à nos jours. J’ai retrouvé les premiers coups-bas écologistes, les premières idées de fédération de notre loisir, la montée en puissance de Mountain-Wireless, les soucis de surfréquentations dans certaines régions, la floraison des néo-vendeurs/importateurs empreints de mercantilisme, faisant naître dans leur sillage la vague des déçus du quad à qui ils avaient fait miroiter des rêves de liberté en oubliant de leur dire que cette liberté avait un prix plus élevé que celui de la machine qu’ils avaient vendue; celle-ci se montrant à l’usage plus génératrice d’esclavage mécanique que de rêve. Vînt ensuite l’explosion du nombre d’associations de quadeurs qui avaient le mérite d’essayer de canaliser les nouveaux venus à ce loisirs. Malgré cela il y eu la montée en puissance du lobbying médiatique écologiste avec son cortège de contre-vérités énoncées le plus sérieusement du monde lors de la grand messe médiatique des journaux télévisés, le CODEVER, qui malgré ses luttes intestines avait de jour en jour plus de dossier à traiter, la naissance de la FFQ et son lot de déçus. Puis apparurent les prémices de la « clandestinité », chacun ayant compris que pour randonner en paix, il ne fallait pas trop s’étaler sur le web, ne plus partager ces moments de convivialités et d’amitiés. Et puis, ce fut la crise, celle qui n’était que provisoire et dans laquelle nous pataugeons encore….
À chaque étape, je me rappelais ces débat qui enflammaient le forum durant des jours, les traits d’humour destinés à désamorcer des discussions qui dépassaient parfois les limites du « viril ». Les premières vidéos du JDQ, des QDS et des Garonnaquads qui faisaient rêver nombres de quadeurs. Le travail extraordinaire de Funquad et de ses Quadeurs itinérants qui malgré une structure limitée réussi à organiser les French-Raid et des randos à l’étranger. Les grandes aventures Bombardier: des Alpes à la mer, puis quatre quads en Mongolie et enfin leur virée sur l’Altiplano bien avant que le Dakar ne tourne son regard vers l’Amérique du sud. Les premières organisations outre Méditerranée, Transfennec et autres. La naissance des grandes manifestations françaises: le Raid bleu, la Quadrézienne, le Polaris camp, l’ouverture au quad pour le Trophée Cévenol.
De tout cela, que reste t-il ? L’esprit est encore là bien sûr, la passion en moins. Je ne dis pas que les quadeurs actuels ne sont pas passionnés, mais ils le sont moins. Leurs aînés ont dû faire preuve de bien plus de passion pour surmonter les embûches de la nouveauté et défricher le terrain. Maintenant, préparées, encadrées, sans bavure, des organisations portent le nom de « RAID » alors qu’il ne s’agit en fait que de boucles autour d’un hôtel dénommé « camp de base ». Beaucoup de ce qui est désormais cité comme une « aventure » n’aurait paru que broutille aux yeux de nos défricheurs-quadeurs.
Du côté des constructeurs, les années ont aussi changé la donne. Ce qui était une niche émotionnelle difficilement cernable est devenu un segment de marché avec des codes précis et très bien interprétés. L’avantage, c’est que les marques douteuses n’existent quasiment plus, celles d’entrée de gamme qui souhaitaient pérenniser leur présence sur ce marché ont évoluées. Que ce soit CFMOTO, GOES, KYMCO, TGB ou encore HYTRACK, toutes ont su progresser au niveau de la qualité et de la fiabilité. Aujourd’hui, elles bénéficient de l’essoufflement du marché ainsi que de la morosité ambiante et tirent profit de leur constance pour asseoir un peu plus leurs positions. Bien sûr, les marques historiques ne vont pas disparaître, elles sont le moteur de notre loisir, ce sont elles qui créent l’innovation. Mais, à l’aube d’une récession inéluctable, leur part de marché risque d’être mise à mal. Elles feront toujours rêver, elles provoqueront toujours l’émotion, mais les acheteurs se feront plus rares. Elles pourraient essayer de tirer leur gamme vers le bas, les Nord-Américains Bombardier avec le Rally et Polaris avec le Phoenix ont essayé sans succès. Yamaha avec le 300 Grizzly et Kawasaki le KVF 300 font maintenant une tentative. Je crains pour elles que le résultat ne soit pas plus concluant, car malgré l’image que distillent ces marques, je pense que l’égo de l’acheteur potentiel le poussera à aller voir chez les marques Taïwanaise ou Chinoise qui lui offriront pour un même tarif une cylindrée bien supérieure.
Je conclurai en citant un des anciens du forum qui, il y a quelques années, avait dit en substance: « le marché s’épurera de lui même quand la mode sera passée, que le nombre de pratiquant diminuera et il en sera de même pour les conflits. Seul resteront les vrais, les passionnés. Car si l’on ne peut nier que nous sommes tous foncièrement égoïstes sur notre machine, nous sommes aussi tous fiers d’être d’une race à part ».
LE 21 Février 2012